L’avis d’expert du Dr Cart-Tanneur sur l’inflammation de bas-grade

Bien vieillir - Posté le lundi 28 mars 2022

Dossier #17 Interview

Emmanuelle Cart-Tanneur, biologiste Eurofins Biomnis, répond à nos questions

Existe-t-il des profils de personnes à risque de développer une inflammation de bas grade ? 

Toute personne, quels que soient son sexe, son âge ou son état de santé, est susceptible de développer une inflammation de bas grade (IBG) et c’est ce qui rend son diagnostic à la fois important et méconnu.

Toutefois, certaines peuvent être prédisposées, à commencer par les sujets en surpoids car le tissu adipeux est un tissu pro-inflammatoire en raison de la sécrétion spécifique d’adipokines (médiateurs de l’inflammation).

Les personnes sujettes à des troubles digestifs peuvent également présenter une IBG sous-jacente en raison de la présence fréquente d’une candidose associée, responsable d’une dysbiose à la fois cause et conséquence de cette IBG.

On peut également citer, comme facteur prédisposant, l’existence d’un stress oxydatif, lui aussi potentiellement cliniquement muet et pour autant responsable de perturbations métaboliques et d’altérations plus ou moins marquées des processus physiologiques de base.

Dans tous les cas, le dépistage d’une IBG permet sa prise en charge et la prévention du développement de ses conséquences délétères – et ce, d’autant mieux qu’il est détecté précocement.

Quels sont les bons réflexes en cas de signe d’alerte ? 

Il n’existe pas de « signe d’alerte » d’une IBG puisque celle-ci est, par définition, cliniquement muette. On peut toutefois la détecter grâce à un dosage de CRPus, ce qui permettra alors sa prise en charge.

La première chose à faire sera la recherche de son origine : très schématiquement, une IBG est soit d’origine adipeuse (surpoids), soit d’origine cérébrale (stress), soit d’origine digestive (dysbiose, hyperperméabilité…).

À chacune de ces situations correspond une prise en charge spécifique, telle que maîtrise du poids, gestion du stress, conseils hygiénodiététiques par exemple. À noter que des origines mixtes sont possibles et même fréquentes, ce qui implique souvent une prise en charge holistique et fonctionnelle davantage que ciblée.

Le dosage de la CRPus étant un marqueur très sensible, il est facile de vérifier l’efficacité des mesures conseillées.

En quoi la biologie préventive est-elle un outil de prévention pertinent ?  

Les bilans de biologie préventive comprennent toujours un ou plusieurs marqueurs d’IBG : ainsi la CRPus, mais aussi certaines cytokines inflammatoires telles que l’IL-6 (interleukine-6) ou encore le rapport AA/EPA (*) du profil en acides gras érythrocytaires, qui traduit l’existence d’un état « pro-inflammatoire » sur lequel une IBG sera susceptible de survenir plus facilement.

Ainsi ce type de bilans permet-il à la fois une prévention, mais aussi une prise en charge adaptée, et enfin une surveillance de l’efficacité des mesures adoptées, devant toute IBG débutante ou chronique – une vraie façon de prendre soin de sa santé !

(*) acide arachidonique / acide eicosapentaénoïque